Et si on appliquait le modèle entrepreunerial à la politique? – 1

Il y a un peu plus d’un an, je m’étais dit que ce serait marrant d’appliquer le modèle de l’entreprise à la gouvernance d’une nation. Si la gouvernance d’un pays est principalement dictée par des lobbys industriels, pourquoi ne pas appliquer ce dit modèle au fonctionnement d’un pays? J’avais commencé ce billet, mais mis en suspens, faute de temps. Je l’ai ressorti ce matin, parce qu’avec le gouvernement qu’on se va se taper au fédéral, en Belgique, c’est plutôt d’actualité avec ces MR, NVA et consort qui font tout pour les entreprises au détriment du citoyen. Alors autant parler de tous ces concepts avec lesquels ils sont si familiers. Ceci petit texte est juste une pensée, et je vais étayer cette idée par quelques exemples. Bien sûr, je le vois d’abord comme une satire, mais en y repensant bien, on peut créer un modèle de gouvernance plus participatif à partir de cette idée. A mon avis je retravaillerai ce texte encore et encore, selon les retours que j’en aurai, mais plus on est de fous…

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1. les intervenants:

Je vais commencer par définir les intervenants de ce modèle :

  1. Les actionnaires: Les actionnaires sont les détenteurs de la société. C’ est a eux que reviennent les bénéfices de l’ activité économique de l’entreprise. Dans notre cas de figure, les actionnaires seront les citoyens.
  2. Le Conseil d’administration: mandate par les actionnaires, il sert a faire tourner l’entreprise. Dans ce cas-ci, ce n’est ni plus ni moins que les différents parlements.
  3. Le comité de direction: cet organe est constitué des dirigeants de l’ entreprise. Dans ce cas-ci, c’ est le gouvernement.
  4. Les sous-traitants: un sous-traitant est une autre entreprise qui travaillé pour le compte de l’entreprise principale. Je définis ici les sous-traitants comme tous les corps de la fonction publique, car en plus, avec la privatisation des différents services normalement organisés par l’état, je trouve que cela colle parfaitement !
2. Les principes de base:

Contrairement à ce que nous connaissons via nos démocrassies occidentales, une entreprise travaille pour ses patrons, qui sont les actionnaires. Parce qu’actuellement, ce n’est pas réellement le cas, l’organe exécutif (le gouvernement) travaille pour lui-même, au mépris du citoyen. Il suffit de voir avec l’actualité belge, les accords gouvernementaux se donnent plus de moyens, augmentent les portefeuilles ministériels, mais demandent aux citoyens de se serrer la ceinture. Dans une entreprise ce n’est pas le cas : si le conseil d’administration annonce de telles choses aux actionnaires, ces derniers lui couperont la tête !

L’Assemblée Générale. Normalement, dans une entreprise, il y a une assemblée générale regroupant tous les actionnaires, qui se déroule au moins une fois par an. Elle est souveraine, permet à l’entreprise de décider les directions à prendre, de renouveler les mandats du Conseil d’administration (CA),… Alors, vous me direz que ce serait les élections, je dirais non. L’assemblée dans le cas d’une entreprise étatique, sanctionnerait le CA, émettrait des propositions pour la bonne gouvernance de l’entreprise, et déciderait des points essentiels à mettre en place pour la politique à prendre durant une période donnée. Un quorum d’actionnaire pourrait également décider de convoquer une assemblée en cas de problème, de mauvaise gestion,…

La transparence. Bien sûr, un comité de direction, un conseil d’administration, travaille pour ses actionnaires. Toute action entreprise par un de ces organes se doit d’être documentée et accessible à chaque actionnaire. Tout membre du Comité de direction se doit de justifier toutes ses actions et rendre des comptes.

Sanctions. En l’état actuel des choses, un conflit d’intérêt, une fraude de la part d’un élu, s’il fait mal son boulot et cause préjudice, n’est pas sanctionné, il est même protégé par la loi, en recevant une immunité ! C’est une totale aberration. Lorsqu’un membre d’un CA fraude, commet un impair, il est rapidement rattrapé et attaqué en justice. Afin que le CA et comité de direction travaille pour le bien de ses actionnaires, il doit avoir cette épée de Damoclès sur la tête.

Les mandats. Un membre d’un CA est mandaté par les actionnaires. Ces derniers ne choisissent pas un facteur ou un boucher pour diriger une entreprise faisant de la haute technologie, car les premiers ne connaissent pas le sujet. Et l’on constate actuellement que des personnes sont placées à la tête de ministère sans rien connaître au sujet ! Il est donc impératif, pour l’entreprise étatique, que les personnes mandatées soient des personnes familières avec les sujets qu’elles devront traités. En cas de mauvaise gestion, même minime, une personne ne pourrait en aucun cas prétendre à un nouveau mandat. Dans le monde de l’entreprise, si tu fais mal ton taf, tu dégages, et tu n’auras jamais le culot de te représenter au même poste.

Voilà, ce sont mes premières idées en vrac. Je ferai certainement des posts ultérieurs sur le sujet. Et bien sûr, si vous avez des idées, n’hésitez pas à les soumettre !

 

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Image de François Lambregts sous licence CC BY-NC-SA

4 Commentaires

  1. Tu devrais regarder les videos d’Etienne Chouard et te renseigner sur la démocratie athénienne … Les propositions que tu fais ont deja été implémentée par les athéniens avec un plus grand controle du pouvoir par les citoyens que ce que tu proposes et Etienne Chouard est partisan de la reapplication de cette grouvernance politque pour nos vies politques 🙂

    • Je connais Etienne et ses travaux, même si je n’ai pas pris le temps d’aller en profondeur (mais je m’y mettrai bientôt, promis, quand j’aurais un peu plus le temps!) Oui, je sais que ce que je propose ressemble fort à la démocratie athénienne. Je voulais juste pousser le bouchon avec les termes d’entreprise, vu que c’est ce qui régit notre monde. 😀

  2. Je pense que le point de départ est mauvais: le principe d’une entreprise est de répondre à un besoin rentable. Si le besoin n’est pas rentable, l’entreprise fait faillite d’elle-même (grâce au conseil d’administration) et le marché est considéré comme non-rentable et est abandonné.

    Si par construction une entreprise utile est une entreprise rentable, rien n’implique que la gestion de la société soit rentable.
    Au contraire, à moins de croire à la main invisible divine ou une autre connerie du genre, il y a bien plus de raisons de penser qu’il n’y a pas de solution parfaite.
    En d’autres termes, il existe des situations (la très grande majorité, d’ailleurs), où il est impossible d’obtenir un résultat positif, où tes dirigeants auront été malins et compétents et auront minimisés les pertes, mais se feront virer par les actionnaires (bien souvent, coupant l’herbe sous le pied d’un plan de redressement à long terme).

    La réalité, c’est que personne n’est capable de dire, face à une situation, quelle est la bonne solution objective. Regarde, pour simplifier, les débats entre les keynesiens et les chicago boys. Si un des côtés était objectivement le bon, ce débat serait fini il y a bien longtemps. Et si tu penses sincérement qu’un des côtés est objectivement le bon, c’est que tu ne te rends pas compte à quel point ton évaluation est subjective.

    Pour une entreprise, c’est simple: si elle perd de l’argent (mesure objective), les dirigeants doivent être viré, car soit ils ont fait une erreur, soit le marché n’est lui-même pas rentable et donc ne mérite pas d’entreprises. Le marché finit alors par être abandonné si après plusieurs essais rien ne marche.
    Pour un état, tu ne peux pas te permettre d’abandonner le marché. Tu ne peux pas dire: cette situation ne permet pas une solution parfaite, dans ce cas, arrêtons de chercher une solution qui minimise les dégâts. Car arrêter de chercher cette solution, c’est plonger la tête baissé dans la solution la pire.
    C’est comme dire: je suis dans un avion qui s’écrase, s’il s’écrase, c’est que les pilotes sont mauvais, virons les pilotes qui sont en train d’essayer de redresser l’appareil.

    Pour un état, tu n’as pas non plus de mesure objective du succès:
    mieux vaut une augmentation de la dette mais un investissement pour un meilleur futur qui remboursera, selon ton idéologie, la dette et plus encore ? Ou mieux vaut ne pas augmenter la dette pour cet investissement qui échouera, selon ton idéologie, à coup sur ? Mieux vaut perdre de la liberté au profit de la sécurité, ou perdre de la sécurité au profit de la liberté ?

    Toutes ces questions, qui sont le b.a.-ba de la politique (et que ces incompétents de politiciens ont compris, je pense, mieux que toi 🙂 ), impliquent qu’une décision « conseil d’administration » ne marchera jamais.

    • Ho la la, mais faut pas prendre ce billet au premier degré! Non, je suis adepte de la démocratie participative, plus d’une manière athénienne, mais en aucun cas appliquer ce que je mets dans ce billet à la lettre. 😉 Que ce soit la logique économique ou politique actuelle, de toute manière, elles sont à bout de souffle. Pour ma part, je vois plus des ministres comme des techniciens, connaissant leurs domaines, pour appliquer les décisions de la collectivité. Toute décision majeure devant, bien sûr, être soumise à la collectivité, comme par exemple, avec des outils de démocratie liquide (ce dont je ne parle pas du tout ici 😉 )

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