
J’ai toujours eu la certitude qu’un artiste exprime dans ses œuvres ce qu’il ressent au fond de lui-même. C’était d’ailleurs une des raisons qui me faisaient adorer le groupe de musique Disturbed. Dès les premiers morceaux, on ressentait un engagement politique, un engagement envers les personnes en souffrance, parlant de problèmes comme la dépression, l’addiction, le suicide, la guerre…
Je me retrouvais dans leurs textes, partageant leurs convictions. Nous ne voulons plus de guerre (No More, Never again), nous devons prendre soin les uns des autres (A reason to fight, et tant d’autres), dénoncer la mise en avant des monstres en tout genre plutôt que de penser aux victimes (Legion of monsters) et je pourrais encore donner tant d’exemples.
Disturbed est le seul groupe qui a réussi à me faire pleurer en concert, tant on sentait une chaleur humaine extrêmement forte. Et je me faisais une joie de les revoir à Forest ce 15 octobre. Jusqu’à ce qu’une certaine image apparaisse sur le net, qui a commencé à me mettre extrêmement mal à l’aise : David Draiman, le chanteur du groupe, signant une bombe destinée à être lancée sur la bande de Gaza.
Ma première réflexion a été la suivante. Si tu exprimes dans tes textes ceci :
No more defending the lies – Ne plus jamais défendre les mensonges
Behind the never ending war – Derrière la guerre sans fin
It’s time to make them realize – Il est temps de leur faire réaliser
We will no longer be their whore – Que nous ne serons plus jamais leur putain.
Pourquoi est-ce que tu vas signer une putain de bombe ? Elles sont où tes convictions anti-guerres ? Ta famille vivant en Israël qui a connu l’holocauste comme tu le décris dans Never again, pourquoi cautionne-t-elle un camp de concentration géant et un génocide systématique du peuple palestinien ? N’avez-vous rien retenu de votre passé pas si lointain ?
Alors que ce soit bien clair, je ne cautionne pas du tout les actions du Hamas, leur violence à ce festival en octobre 2023 a été des plus abject. Je ne vais pas aller plus loin dans le débat Hamas-Israël, pour moi les deux parties sont en tort (je vous invite d’ailleurs à écouter l’excellent billet d’humeur sur la question de Thomas Gunzig qui résume bien ma pensée).
J’ai perdu la foi en Disturbed. J’ai l’impression que l’on m’a vendu du vent, lorsqu’on m’a ressassé « nous sommes tous du même sang, la musique nous sauvera ». Il a suffi de paroles pro-sionistes sur les réseaux sociaux et cette image pour réaliser qu’on pouvait balayer ses convictions en un instant. Que tu condamnes les actions du Hamas, je le conçois. Mais faire l’apologie d’une armée qui martyrise une population entière, sans prendre en compte tes propres textes, non. Bien que j’aie écrit des histoires, que je streame et réalise sporadiquement des vidéos, jamais je ne trahirai mes convictions et mon éthique personnelle pour de la thune, plus de visibilité ou pour descendre quelqu’un qui ne me plait pas. Mais voilà, à mes yeux, ne pas voir plus loin que le bout de son nez, ne pas prendre un contexte dans sa globalité, rend nos convictions plus que fragiles et balayées en un éclair.
David, tu m’as mis mal à l’aise. J’ai hésité à revendre mes places de concert, mais je m’étais dit qu’avec ma santé mentale fragile, je pourrais peut-être passer un bon moment, oublier un peu mes tracas. Maintenant, ce n’est plus possible. Je pense d’ailleurs faire recouvrir le symbole de ton groupe, symbolisant l’unité de toutes les religions, gravée sur ma peau. Parce que tes actes démontrent ton hypocrisie et me donne l’impression que c’est un mensonge de plus que vous m’avez vendu.
PS : Je tiens quand même à préciser que je ne suis en aucun cas antisémite. Je ne cautionne juste pas les actions de gouvernements et d’états qui pratiquent une politique génocidaire, ou martyrisant quiconque (que ce soit pour des croyances ou des appartenances à un groupe de personnes). Étant donné la sensibilité du sujet, les commentaires de ce billet seront clos.
Image de Ted Van Pelt sous licence CC-BY
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