La planète bleue

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Voilà, aujourd’hui je réponds à un premier défi sur Scribay. Cette histoire, c’est un peu comme si le Greg du présent, parlait à celui du passé.

J’ai pleuré. Beaucoup pleuré.

Des tas de proches m’avaient dit d’aller voir cette petite planète bleue. Que la visiter, voir les actions de ses habitants, valaient tous les shows de l’Holonet Intergalactique réunis. Beaucoup de monde m’en parlait, mais à chaque fois, toutes ces personnes restaient fort vague sur la race dominante de la planète. Ils vantaient ses paysages magnifiques, sa faune et sa flore hors du commun dans toute la galaxie. J’ai donc suivi leurs conseils, à tous, et j’ai été la visiter. C’est là que j’ai pleuré.

La planète bleue. Ses habitants, les humains, l’appellent la Terre. Et c’est vrai, mes amis ne m’ont pas menti. Elle est tout simplement magnifique ! Des magnifiques plages au sable si fin qu’il vous caresse la peau tel une plume d’oiseau, des océans d’un bleu profond au turquoise, et le bruit des vagues si relaxantes qu’on pourrait rester là des heures et jours durant. Des montagnes si hautes, si sauvages, qu’un simple claquement de doigt pourrait la réveiller et déchaîner sur vous une fureur blanche. Des vallées si vertes, si paisibles, profonde, où s’écoulent avec un joli chant des petits cours d’eau. J’étais ébahi par toute cette beauté. Mais, après, j’ai rencontré l’humain. Et c’est là que j’ai pleuré.

Je comprends maintenant pourquoi l’espace intergalactique n’a pas incorporé cette planète dans son organisation. Normalement, on attend un peu que les races intelligentes s’éveillent à un minimum de savoir et de technologie. Histoire de ne pas être pris pour des divinités ou autre race supérieure. Les humains ont tout le potentiel possible. Mais ce qu’ils font est tout simplement horrible avec leur technologie. Le savoir n’est pas propagé, gardé par une élite qui l’utilise pour mieux dominer ses semblables ou pour un concept que je n’arrive pas à saisir : le profit.

J’ai vu les magnifiques océans pollués, par une véritable marée noire, tuant toute vie sur son passage. J’ai vu leurs animaux massacrés, simplement pour un petit morceau d’ivoire qu’on taillera pour plaire à une femme. J’ai vu les ressources de la planète gaspillées pour qu’une partie de ses habitants jouissent instantanément de tout bien ou nourriture, alors que d’autres mourraient de faim. J’ai vu les hommes se faire la guerre, les femmes se faire violer. J’ai vu tellement d’horreurs qu’il m’est impossible de toutes les énumérer sans ressentir tremblements, révulsion et nausées.

D’un coup, ce monde n’était plus beau à mes yeux. Il était totalement noir. Alors je me suis assis, au milieu de nulle part et j’ai pleuré. Je ne sais pas combien de temps je suis resté là. Des minutes, des heures, des jours ? Je ne saurais dire. La violence de ce monde me paralysait. Je n’arrivais pas à comprendre. Et puis, il est arrivé.

-Pourquoi pleures-tu, petit-être ?

J’étais paralysé. Avec mon effarement, j’avais oublié d’activer ma cape mimétique. Je pris peur. Parce que de ce que j’avais vu des humains, dès qu’ils prennent peur face à quelque chose qu’ils ne connaissent pas, ils ont tendance à avoir des réactions violentes. Pourtant, il me souriait. Son regard ne dégageait aucune malice, seulement de la compassion.

-Je…

Je ne savais pas quoi répondre. Contre toute attente, il s’assit à côté de moi. Je m’écartai. Il allait sûrement me maltraiter.

— Ne t’inquiète pas. Tu dois certainement nous trouver bizarre, hein ? Je me suis toujours demandé comment étaient les autres races, si vous étiez comme nous.

Je relevai la tête et le regardai de mes grands yeux. J’étais estomaqué. Je ne m’attendais pas à ce qu’on me parle de manière si douce.

Je lui déballai tout. Ce monde si beau, qui était en train d’être totalement ravagé. La noirceur que je voyais en l’être humain, qui obscurcissait tout. Il m’écouta avec attention, puis il regarda le ciel d’un air rêveur.

— Je te comprends. J’ai pensé longtemps comme toi. J’en voulais au monde entier, je le voyais entièrement noir, sombre. C’était comme si une ombre palpable, matérielle m’avait envahi, m’enserrait le cœur. Je méprisais mes semblables, coupables d’atrocités, ou aveugles au monde qui les entourait.

Il fit une petite pause, mais ne détachait pas son regard du ciel, il semblait lui vouer une immense admiration.

— Pourtant, notre monde est comme ce ciel. Il est noir, oui. Mais regarde bien. Tous ces points de lumières, ces étoiles, elles sont bien présentes dans ce monde teinté de noir. Elles permettent de nous guider dans les ténèbres. Des tas de personnes sont comme ces étoiles. Si on regarde l’ensemble, on les remarque à peine. Pourtant, elles sont bien là, et sans elles nous serions plongés dans le noir absolu. Souvent, ces lumières en inspirent d’autres, qui commencent à s’illuminer à leur tour. Et lorsque tu regardes l’ensemble, que tu fais attention à ces petits détails, tu ne peux te dire qu’une chose : «  Le tableau n’est pas parfait, parce que la perfection n’existe pas. Mais il reste magnifique. » Par moment, l’horreur nous envahira, obscurcissant à nouveau le tableau. Il suffit juste de nous rappeler combien d’étoiles, si discrètes, sont là pour nous éclairer. Et que si elles s’éteignent à un moment, de nouvelles viendront à éclore pour nous illuminer.

Et d’un coup, ma peine me quitta. J’ai arrêté de pleurer.

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Image de la NASA sous licence CC BY-NC

 

3 Commentaires

  1. Bonjour et bravo.
    Ce texte est superbe, même si la fin est un peu consensuelle et trop rapide. J’avais un instant imaginé une similitude avec le Petit Prince…
    Bonne semaine à toi et à bientôt.

    • Merci. En fait, j’ai été beaucoup plus sévère envers moi-même sur le texte. J’ai même failli le laisser dans le placard, pour le retravailler plus tard (ce que je ferai certainement quand j’aurais fini de poser « salut, moi c’est greg ».

  2. Ton texte est magnifique je trouve, j’ai été très émue en le lisant.

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