Fail 1: Le Roman Noir

Ce matin, j’ai failli vivre un grand drame : mon petit disque dur, suite à plusieurs chutes consécutives dues aux mains curieuses d’un petit bambin de dix-huit mois, ne répondait plus, non reconnu par le pc, impossible d’y accéder et de pouvoir récupérer les données. Un profond sentiment de détresse m’envahit : une partie de ma vie était dans ce disque : tous mes écrits d’adolescent s’y trouvaient. En désespoir de cause, je me suis mis à fouiller tous mes disques pour voir si je n’avais point une copie de sauvegarde. En exprimant un grand ouf de soulagement, me suis mis à parcourir les dossiers. Et il était là. Le Roman noir. Ce livre inachevé, racontant mes galères d’ado et jeune adulte que je n’ai pas su terminer.

romannoir

J’ai beaucoup galéré comme je l’ai dit un peu plus haut. J’ai beaucoup souffert. J’ai fait des choses dont je ne suis vraiment pas fier. J’écrivais énormément de poésie, m’en servant comme exutoire lors de mes moments de désespoir et d’angoisse. J’ai déjà exprimé le souhait de partager ces écrits, que ce soit sur ce blog-ci ou ailleurs. Je ne me suis pas encore décidé. Ce ne sont que des poèmes d’ados, et les thèmes sont invariablement les mêmes : l’amour, la souffrance, la colère et la révolte. Mais revenons- en à ce petit « fail », ce roman inachevé.

Je voulais partager ce qui m’était arrivé à d’autres personnes. Je pensais que cela pourrait servir d’inspiration à des jeunes en plein mal-être, de montrer qu’il est possible de s’en sortir et qu’après la pluie, arrive toujours une éclaircie puis le soleil. A chaque fois que je me sentais mieux, que je pensais que mes mésaventures étaient derrière moi, je me mettais à écrire ce qui m’était arrivé. Et bien souvent, ce n’était qu’une accalmie, avec des galères et souffrances qui prenaient de plus en plus d’ampleurs.

J’ai achevé la première partie en 1997. Ensuite, j’écrivais au fil du temps, lorsque j’avais un peu de temps, que c’était un peu plus calme dans les événements de ma petite vie. Mais c’était toujours un exercice difficile. Se rappeler certains faits, se remémorer la douleur ressentie, pouvait me faire beaucoup de mal. Et en 1999, lorsque je suis rentré à l’institut Cardijn, j’ai totalement arrêté d’écrire.

Suite à un tournant de ma vie, en 2003, mon besoin d’écrire s’est à nouveau fait ressentir. J’ai d’ailleurs commencé à écrire dans un carnet que j’ai baptisé « les tourments de l’âme » J’y mettais toutes mes angoisses, mes colères, juste histoire de les coucher sur papier et de me sentir un peu mieux. Personne n’a lu ce qu’il y avait dans ce carnet, jusqu’ il y a peu : j’ai mis un des textes les moins violents sur ce blog : Abysses. Et j’ai ré-ouvert le roman noir. Ma vision de la vie avait bien changé à l’époque, je ne pensais plus que j’avais vécu une histoire extra-ordinaire, mais bien simplement un adolescent qui a peut être eu un mal-être un peu plus important. Mes colères et mes rancunes envers certains actes et personnes s’étaient estompées, et j’avais aussi appris à pardonner.

J’ai commencé à faire des annotations, pour y mettre mon point de vue actuel. Mais de nouveau, n’étant pas très bien à l’époque, se remémorer faits et souffrances n’était pas idéal. Cela me faisait beaucoup de mal, et tout seul dans mon studio tard la nuit à Louvain-La-Neuve, j’étais prêt à péter un gros câble. En quittant Louvain pour Bruxelles, j’ai refermé ce roman noir. Je ne l’ai plus rouvert pendant 11 ans, jusqu’à ce matin.

Au final, très peu de personnes ont lu cette biographie. Seules les personnes très proches ont lu ce que j’ai écrit. Parce qu’ils se posaient des questions sur moi, et hormis les quelques personnes en qui j’avais une confiance absolue, je n’étais pas prêt à partager cette partie de moi. Je commence néanmoins à le faire, maintenant, en prenant comme départ le challenge d’Alias.

Ce n’est peut être pas un échec à proprement parler, mais il est un fait que c’est mon plus gros écrit inachevé. Je ne sais pas si je le rouvrirais et retravaillerai, même si l’envie de le faire est très forte. J’ai beaucoup changé. Ma vision de la vie est nettement plus positive, même si ce n’est pas rose tous les jours. Dans un sens, j’ai peur d’être envahi d’émotions négatives et que cela me refasse du mal. Peut être, un jour, le roman noir cessera d’être inachevé, pour faire place à un ouvrage plein de lumière. Pour bien montrer que la tempête, l’orage, nous aide à nous construire, nous façonner et faire des nous des êtres extraordinaires. Et que maintenant, quoiqu’il arrive, je réaliserai mon rêve d’ado.

Ecrit dans le cadre du #SummerOfFail proposé par Alias

Summer-of-Fail-250

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2 Commentaires

  1. Retour PingSummer of Fail – l'été de l'échec - Blog à part, troisième époque

  2. Plus je parcours ce blog, plus je m’y retrouve. Pas mal de points communs, sur la vie et les attentes notamment…
    Aussi en ce qui concerne l’écriture. Pour ma part j’ai préféré écrire une histoire tirant sur le « fantastique ». Sans trop entrer dans els détails, je suis content de l’avoir fait, d’avoir été édité, et d’en avoir vendu. Pas des masses, malheureusement. Encore la faute au système les libraires ne prennent que si on est connu. Quant on démarre, on ne peut pas en vivre.
    Bref, pour moi, l’écriture est devenu un vrai « passe-temps ».
    Je crois sincèrement que je ne suis pas fait pour gagner de l’argent. Ou alors, pas dans ce pays. Mais partir ne me dit rien ; il y aura d’autres soucis ailleurs, alors, autant vivre ici l’instant présent.
    J’achève l’écriture d’un deuxième livre, et je peaufine un troisième. Je prépare aussi une historie avec ma fille de 6 ans, ainsi qu’une nouvelle histoire « fantastique » qui me demande pas mal de temps et de documentation.
    Par rapport aux sentiments, je les distilles au coup par coup, un peu dans chaque ouvrage. C’est plus reposant. Et là aussi, ceux qui ont lu, pour l’instant, les « premiers jets » des ces histories, quand ils sont interloqués par un sentiment donné dans l’écrit, me pose des questions, et commence à mieux me comprendre.

    Je ne dis pas que c’est la panacée, loin de là, mais ça fait du bien. Alors, écrit.

    Le premier livre, je l’ai ré-écrit intégralement 4 fois, avant de me dire « ce ne sera jamais parfait, alors, lâche l’affaire, et soumet-le ».

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