Lettre d’une voix étouffée dans l’espace-cri

Je n’aime vraiment pas ce qu’est devenu Internet. Ce réseau, il y a encore une quinzaine d’années, était un espace réel d’échange. Maintenant ce n’est plus qu’un espace-cri, où toutes les voix humaines hurlent de concert. Internet n’est plus qu’un tintamarre assourdissant, où l’on peut espérer être heureux si quelqu’un arrive à nous écouter. Entendre, certainement, mais écouter…

Je regrette le temps des bons vieux forums, loin de la communication fast-food des réseaux sociaux actuels et autres messageries instantanées. Dans l’espace-cri, on réagit à chaud. On balance son avis sur tout et n’importe quoi, sans avoir même pris le temps de se renseigner ou de vérifier si son opinion est basée sur des faits véritables. Du temps du forum et mails, nous prenions le temps de communiquer. De lire ses interlocuteurs, mais aussi de prendre le temps de bien formuler sa réponse. Il s’agissait d’échanges réels alors que maintenant nous ne faisons que vociférer.

Les moyens de communications actuels sont devenus tellement instantanés que nous partageons tout et n’importe quoi dans le but de gonfler son ego et satisfaire son besoin de dopamine. Je suis désolé Marcel, mais la photo de ta choucroute de ce midi, j’en ai rien à carrer. Le stream de la partie de jeu de société de Jacques et André, je n’y vois aucun intérêt. Est-il plus important maintenant d’avoir un gros chiffre de likes et followers plutôt que de passer un bon moment avec son pote ? Je pourrais vous citer des milliers d’exemples de ce type.

J’ai senti ma voix s’étouffer dans l’espace-cri. Lorsque tu es une éponge émotionnelle, tu te prends tout en pleine figure. J’étais envahi par tous ces cris, qu’ils soient de désespoir face à la détresse dont est prise le monde, de cette haine, de tous ces social justice warriors complètement fanatisés par leur cause. Il n’y a plus aucun débat, si ce n’est binaire. Si tu n’es pas de l’avis de ton interlocuteur, tu te fais rabrouer. Il ne semble plus y avoir de place pour la nuance.

Alors à un moment, j’ai cessé de parler. Mes batteries début d’année 2020 étaient complètement vides. Je voulais écrire, je voulais parler, je voulais partager. Mais ce bruit incessant me paralysait complètement, me fatiguait encore plus. Rajoute à ce sentiment un tas de mésaventures dans la vie personnelle, tu obtiens un Greg complètement déboussolé, tâtant dans le noir pour voir où se trouve la sortie de son tunnel. Et je ne voyais plus du tout l’intérêt de dire quoi que ce soit. Ce bruit dans ma tête m’empêchait de formuler correctement mes pensées. J’ai tenté, à plusieurs reprises, de reprendre mes activités. Mais chaque regain d’énergie n’était que temporaire, j’étais à nouveau noyé par ce brouhaha assourdissant.

J’ai recommencé à écrire cependant il y a quelques semaines. Je publiais uniquement sur Wattpad, rassuré par la communauté bienveillante qui me suit. Même si j’étais exposé, je restais cependant dans une sorte de petit cocon, contrairement à mon site et autres réseaux sociaux accessibles facilement par tout un chacun.

J’ai reçu quelques messages ces derniers jours. Le Greg qui essaie de faire rire, Le Greg qui essaie de semer des graines semble manquer à certains d’entre vous. Je suis pourtant encore assez faible en ce moment. Mais c’est vrai, il est grand temps qu’il revienne.

Parce que j’ai des tas de mots qui attendent dans mes tripes pour s’exprimer. Parce que j’ai besoin d’expulser cette colère tapie en moi. Mais je ne peux pas le faire comme je le souhaite. Parce que certains comportements, certains événements sont tellement sensibles que j’ai peur de l’agressivité de mes paroles.

Je suis en train de soigner ma voix. Elle commence à reprendre vie. Ça prendra du temps, certainement, pour qu’elle soit comme avant. Mais sache que j’ai fini de me taire.

A tout bientôt.

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Image de Mick Stanic sous licence CC BY-NC

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